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Mon expérience en soins intensifs

Publié le 16/09/2024

Environ 5 minutes de lecture

Après avoir passé cinq ans en colocation à Tournai pour mes études, j’ai reçu une offre intéressante du centre hospitalier de Valenciennes pour travailler en tant que kinésithérapeute salarié. Bien que passionné par mon métier, l’idée de travailler dans un hôpital ne me tentait pas vraiment au départ, mais l’offre avait de quoi me faire changer d’avis :


Imaginez-vous débuter dans un environnement où vous pouvez accumuler de l’expérience de manière encadrée, sans vous soucier de la paperasse, et où la plupart de vos anciens camarades de kot travaillent aussi. Comme vous pouvez vous en douter, je n’ai pas mis longtemps à accepter cette proposition d’embauche. Bien sûr, j’avais quelques attentes précises en rejoignant ce nouveau lieu, pas tellement sur le plan financier—les implications financières viendraient plus tard—mais sur le type de services dont j’aimerais m’occuper.


En effet, la réanimation a toujours été un domaine qui m’intriguait et me posait des défis pendant ma formation. J’ai donc rapidement demandé à être affecté aux soins critiques, une chance qui s’est présentée puisqu’il n’y avait plus de kinésithérapeute spécifiquement assigné à ce poste. Après quelques semaines passées dans différents services de l’hôpital pour prendre mes marques et affiner ma polyvalence, j’ai finalement intégré l’unité de réanimation, prêt à prendre mes marques et à démontrer mon savoir-faire.


Les kinésithérapeutes qui avaient travaillé en réanimation avant moi étaient, disons, d’une école plus traditionnelle et semblaient peu enclins à s’occuper pleinement des soins critiques, ce qui est compréhensible étant donné les exigences de ce travail qui sont radicalement différentes de celles d’un kiné ordinaire. Me voici donc plongé au cœur de cette fourmilière qu’est le service de réanimation, collaborant étroitement avec des aides-soignantes, des infirmières, des internes et des médecins réanimateurs.


Pour la plupart des gens, c’est un environnement hostile et froid, avec des murs blancs, des patients gravement atteints, de la pollution sonores générées par les respirateurs et les monitoring qui renseignent sur l’état clinique des patients à chaque instant. Mais pour moi c’était différent. Je voyais là un monde d’expérience à prendre. En effet, à mon arrivée j’observais chaque jour une dynamique pluridisciplinaire prodigieuse de la part des soignants quel que soit leur grade ou leur formation. Chacun travaillait main dans la main avec respect pour donner aux patients les meilleurs soins possibles et je voulais faire partie de cette dynamique.


Petit à petit, en partant de gestes simples comme apprendre le nom de chaque membre du personnel, comprendre leurs habitudes et gagner leur confiance en leur prêtant main-forte, j’ai commencé à me sentir chez moi. Mes petites innovations pratiques, que j’appelais mes “bricolages à la MacGyver”, ont également joué un rôle dans cette intégration.


Au fil du temps, cette unité de réanimation, initialement un cercle plutôt fermé, est devenue une sorte de deuxième maison. J’ai énormément appris, tant sur le plan professionnel que personnel. Ensemble, nous avons accompli des prouesses incroyables, comme aider des patients qui étaient dans le coma depuis des semaines à marcher à nouveau, ou améliorer le sevrage ventilatoire des patients sous assistance mécanique en essayant de les sevrer de celles-ci grâce aux techniques que nous avons apprises sur le tas avec les réanimateurs. Là-bas, mon désir de me former s’est intensifié, voyant la qualité de la prise en charge que nous nous efforcions de mettre en place tous ensemble.


Un jour, peut-être, je vous raconterai pourquoi j’ai décidé de quitter cet environnement enrichissant pour me lancer en tant qu’indépendant. Mais ce n’est pas l’histoire d’aujourd’hui.


Un grand merci à tous mes collègues rencontrés là-bas, qui m’ont tant appris, peu importe leur métier. Et une pensée spéciale pour tous les patients que nous avons soignés ; certains n’ont malheureusement pas survécu, mais beaucoup d’autres, nos “miracles”, ont pu reprendre leur vie, en partie grâce à notre travail d’équipe et à leur capacité à garder leur force de volonté malgré les épreuves.


Riche de cette expérience, j’en profiterai pour vous parler prochainement de l’histoire de certains de ces patients, des traitements que nous avons mis en place pour ceux-ci mais aussi de ce à quoi peut être confronté un kinésithérapeute à l’hôpital ou en libéral. Je vous remercie de votre lecture et j’espère pouvoir vous proposer plus de contenu de ce genre si cela vous intéresse.